L’impact des produits phytosanitaires de la vigne sur notre vie: une avancée ou un problème ?

La vigne est une plante cultivée par les hommes depuis l’antiquité ce qui la place au centre de nombreuses cultures occidentales des régions climatiques tempérées. En effet le monde produit 276 millions d’hectolitres de vin en 2000 dont près de 30% en France. De part cette importance de production et du savoir faire français, le vin est un secteur très important dans l’économie. La forte production nécessite cependant une modification des techniques de production mais également de protection de ces plantes. Comme tout organisme, la vigne est sujette à différentes agressions et maladie. Les ennemis de la vigne peuvent être classés en différentes catégories : le climat, les carences du sol en nutriment, les maladies à virus et bactéries, les parasites animaux et enfin les maladies cryptogamiques. Afin de repousser ou préserver les plants de vignes de toutes ces agressions, l’industrie viticole utilise des produits plus ou moins chimiques et plus ou moins toxiques. Les produits chimiques sont en général utilisés afin de lutter contre les maladies cryptogamiques qui sont la menace la plus fréquente pour la vigne.

 

Les maladies cryptogamiques et les types de traitements

Ces maladies sont en fait dues à une attaque par un organisme filamenteux comme un champignon ou des Oomycètes. Une fois le plant touchée, les maladies attaquent la vigne et vont détruire la plante en se nourrissant d’elle. Les maladies cryptogamiques installées dans la plante vont se manifester par une attaque soit des feuilles, du bois ou encore des raisins. Pour prévenir les contaminations ou les détruire, les vignerons utilisent des produits phytosanitaires pouvant être regroupés en 3 ensembles: les herbicides, les insecticides et les fongicides. Dans le cas des maladies cryptogamiques, ce sont les fongicides qui vont être employés, et plus spécialement les systémiques ou pénétrants qui permettent de traiter moins souvent. Le fonctionnement d’un traitement systémique est simple car une fois pulvérisé sur les feuilles ou le sol, l’agent actif va pénétrer dans la plante et se déplacer grâce à la sève de cette dernière. Les systémiques limitent le nombre d’application car l’agent actif ne disparait de la plante qu’après 15 à 56 jours . Ces produits sont néanmoins très souvent utilisés pour traiter le mildiou, l’oïdium, l’excoriose, le botrytis ou le black-rot, des maladies qui vont empêcher la maturation des raisins provoquant le pourrissement sur le pied bien avant maturation.

Malgré la forte efficacité de ces traitements et la nécessité de ces derniers afin de garantir une récolte de bonne qualité, nous pouvons avoir des réticences à l’égard des produits chimiques. En effet, si ces derniers permettent la destruction de certains organismes vivants nous pouvons nous demander les effets qu’ils auront sur le corps humain et la santé. Cette question fait beaucoup de débats, pourtant certains produits utilisés dans les traitements ne sont pas nocifs ni toxiques alors que d’autres le sont et présentent un danger pour l’homme.

 

Les produits utilisés ainsi que leur toxicités

Du fait du grand nombre de maladie et donc de l’emploi d’un grand nombre de produit, nous pouvons regarder, à titre d’exemple, les principales substances actives contre l’excoriose, une maladie du bois, et le mildiou, une maladie atteignant les raisins sur le rapport des produit phytosanitaire réalisé par la région val-de-Loire.

 

 

Les produits étant relativement toxiques, ils sont classés Xn (nocif), Xi (irritant), N (dangereux pour l’environnement) et CMR (cancérogène mutagène reprotoxique), et sont contrôlés et régis par de nombreuses règles d’utilisation. Celles-ci protégent la santé des personnes voisines ainsi que celle des utilisateurs. La zone non traitée protégeant les eaux de surface et les habitations, ainsi que le délai de réentrée des travailleurs dans la vigne laissant le temps à l’agent actif de diminuer sa nocivité, sont des exemples de  restrictions.

On constate progressivement  une évolution de la législation et des autorisations d’utilisation données à certains produits. En effet, certaines molécules ou matières actives utilisées jusqu’à présent sont aujourd’hui interdites. D’autres ne sont pas supprimées mais fortement surveillées afin de ne pas oublier un danger potentiel. Comme dit précédemment, les polémiques et discussions autour de la dangerosité de ces produits phytosanitaires ont permis pour de petites exploitations de trouver des alternatives moins nocives ou polluantes.

 

Des alternatives aux traitements chimiques

On connait de nombreuses techniques alternatives, comme par exemple l’utilisation de stimulateur de défense des plantes, produit capable de déclencher la production de composés de défense contre les pathogènes ou les ravageurs. Dans cette famille, on distingue les éliciteurs qui lancent des réactions de défense dès leur application, et les potentialisateurs qui s’activent lorsque la plante est confrontée à un pathogène. Pour vérifier l’efficacité de ces produits, certains instituts tel que l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) ont pratiqué des tests. Celui réalisé par ce dernier consiste à comparer l’efficacité du fongicide seul, à celle du fongicide en association à un stimulateur ce qui réduirait l’utilisation de produits chimiques. De plus ces deux résultats sont également comparés aux résultats d’un témoin non traité. Les résultats obtenus ont donc été classés suivant différents degrés d’efficacité :

  • efficacité nulle, regroupe les formulations utilisées seules qui s’avèrent non différentes statistiquement du témoin non traité s’accompagnant d’un niveau de dégâts comparable à celui du témoin à plus ou moins 10%.
  • efficacité nulle à moyenne, regroupe les produits ayant  des résultats variables nécessitant des essais complémentaires pour en déterminer l’efficacité sauf si les organes concernés, feuilles/grappes, sont précisés.
  • efficacité moyenne, regroupe les produits d’une efficacité de 20 à 30% et inférieure à celle de la référence chimique. Cette classe de produit peut procurer une protection satisfaisante si la pression parasitaire est faible ou moyenne (moins de 30% d’intensité de dégâts sur grappes dans le témoin non traité).
  • efficacité bonne, regroupe les produits ayant un comportement statistiquement comparable à celui de la référence chimique.
  • sans intérêt, regroupe les produits utilisés en association ou avec un fongicide sous-dosé, ou renfermant un fongicide sous-dosé, qui n’améliore pas l’efficacité de ce même fongicide sous-dosé utilisé seul.
  • antagonisme, regroupe les produits expérimentés diminuant l’efficacité du fongicide associé.

Les résultats obtenus par ces tests, valables pour la maladie du mildiou et de l’oïdium, ont été regroupés dans les tableaux suivants présent sur le site de l’IFV

Les résultats indiquent que seules quelques préparations à base d’acide phosphoreux ou de phosphonates se révèlent, vis à vis du mildiou, d’une efficacité proche ou parfois identique à celle d’un fongicide systémique classique. L’utilisation seule de ces produits est cependant réservée au traitement d’agression à faible ou moyenne pression parasitaire.

On constate pourtant que sur l’oïdium, le produit Stifénia, bien qu’homologué, se révèle totalement inefficace face à une épidémie de type drapeaux alors que le Prevam, le Timorex et le lactosérum ont une efficacité assez intéressante. Les alternatives ne sont donc pas évidentes et nécessitent une étude spécifique à chaque cas pour obtenir le meilleur produit en respectant plus l’environnement.

 

L’impact des produits phytosanitaires sur notre vie, une avancée ou un problème ?

Ils ont un coût par hectare généralement comparable aux fongicides classiques, mais certains ont un coût nettement supérieur infligeant des dépenses supplémentaires à l’utilisateur pour une efficacité proche ou égale. L’intérêt de ces produits ne sont pas de remplacer les fongicides chimiques classiques mais bien de les utiliser en association avec des molécules homologuées, afin d’augmenter leur efficacité à des doses plus faibles mais également de diminuer le nombre d’application en augmentant la durée d’efficacité du principe actif.

L’impact qu’ont les produits phytosanitaires sur la vie est toujours très important, pourtant un meilleur dosage et utilisation de ces derniers marquent une véritable avancée pour l’environnement.

 

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